Monthly Archives: March 2023

De la symétrie de la langue

Le français recèle de mots qui se complètent pour désigner l’inverse de l’autre : entrer/sortir, grand/petit, gauche/droite, vie/mort, créer/détruire, etc.

Et pourtant, certains mots ou expressions semblent nous forcer à ne voir une situation que sous un seul angle.

  • Le cadet de mes soucis. Où se trouve l’ainé de mes soucis ? On constatera au passage que ledit cadet est parfois plus vieux que des soucis plus récents, mais passons.
  • Je vous présente ma moitié. Mais elle, en parlant de son mari, ne dira jamais qu’il est son « double ».
  • Quelqu’un a-t-il jamais prononcé la phrase qu’en ce moment il avait la tête à ça ?
  • Peut-on mourir d’une bonne chute ?
  • Le dernier des Mohicans. Très bien, mais a-t-on jamais identifié le premier des Mohicans ?
  • Vous arrive-t-il de déclarer, en pensant au passé, que c’était la petite époque ?
  • A-t-on déjà entendu quelqu’un, confronté à l’exposé d’un problème, déclarer qu’il en avait tout à foutre ?
  • Peut-on justifier des entorses aux règles en cas de force mineure ?
  • A-t-on déjà inauguré quelque chose en petite pompe ?
  • Peut-on dormir à la vilaine étoile ?
  • Au décès de quelqu’un on annonce qu’il s’est éteint, mais on ne parle jamais de la naissance d’un enfant pour dire qu’il s’est allumé à cette date.
  • On prend le petit-déjeuner mais c’est à quelle heure le grand-déjeuner ?
  • Et être dans de vilains draps, c’est bien comme situation ?
  • Les grands esprits se rencontrent. Tant mieux pour eux, mais a-t-on jamais théorisé si les petits esprits pouvaient eux aussi parfois se rencontrer ? Et est-ce qu’un petit peut rencontrer un grand ?