Avouons-le : la crise du coronavirus peut être une aubaine pour plein de trucs.
Si vous êtes dirigeant d’un État ou d’une entreprise, « la crise » est l’épouvantail idéal pour réduire les acquis, baisser les salaires et la protection sociale, mettre l’état de droit un peu en veilleuse, refuser des dépenses, renier des engagements passés. Si tu n’es pas content, sache qu’il y en a plein d’autres qui le prendraient, ce job, et pour moins cher, alors estime-toi heureux d’être encore là.
Il y a une illustration très sympa qui circule sur le net1 où on voit deux mendiants avec chacun un écriteau. Le premier : « Will work for food » et le second : « Will work for less food ».
Si votre métier est de publier des statistiques, et surtout de les commenter, ou tout simplement si on vous demande de justifier vos résultats ou vos ventes, cette année offre une brochette d’excuses à foison pour expliquer vos mauvais chiffres. Ça marchera encore en partie pour 2021, année encore en crise pour une partie, et gageons qu’en 2022 et au-delà on pourra encore réutiliser quelques arguments, pour tous les domaines où l’activité n’a pas repris exactement comme dans le monde d’avant.
Ci-dessous une liste non exhaustive, et à compléter en cours de route, des phrases qui font mouche à tous les coups :
- Étant donné les circonstances exceptionnelles.
- La pandémie a fait valser les habitudes.
- Vu l’ampleur de cette crise sans précédent.
- 2020 ayant vu la plus grande crise sanitaire et économique depuis la Seconde Guerre mondiale.
- L’urgence sanitaire commande de modifier certaines pratiques.
- L’année 2020 ne peut être comparée avec les autres années.
- L’année 2021 ne peut pas non plus être comparée avec les autres années, étant donné les circonstances.
- L’année 2022 ne peut pas non plus être comparée avec les autres années, étant donné les circonstances spéciales. (Ne surtout jamais préciser ce qu’on entend par « spéciales ».)
- Alors, certes vous me proposez de comparer les chiffres de 2023 avec ceux de 2019 avant la pandémie mais… bon… en 4 ans, tellement de choses ont changé que finalement rien n’est comparable, donc… finalement, non.
- Il y aura désormais un avant et un après. Ceci doit nous pousser à réfléchir autrement.
- La crise est passée par ici.
- On ne peut pas faire comme si cette crise n’avait jamais existé.
- Étant donné l’urgence de la situation, il a été impossible de réunir tout le monde, aussi ai-je décidé que…
- Tout ça c’était encore valable dans le monde d’avant.
- Malheureusement, le coronavirus est passé par là.
- Qui aurait pu prévoir qu’un virus dévastateur viendrait chambouler notre quotidien/notre économie ?
- Tout ayant été bouleversé par cette crise, il est urgent de redéfinir de nouvelles règles du jeu.
(1) Illustration non libre de droits, désolé, on ne peut pas la mettre ici.