Pour bien commencer l’année, un petit passage par l’aéroport.
Il y a une vingtaine d’années, j’avais toujours un couteau suisse dans la poche (c’est super pratique), je le tendais aux gardes de sécurité, et on me le rendait avec le sourire en me souhaitant bon voyage.
Aujourd’hui, avec une mini-bouteille de 125 ml d’eau je suis considéré comme un dangereux terroriste. L’interdiction des liquides dans les avions est l’illustration la plus criante de la paranoïa absurde. Et comme désormais elle fait la fortune des aéroports, via les loyers payés par les magasins qui vous vendent l’eau au prix du champagne en zone contrôlée, on a désormais un lobby bien implanté pour ne plus jamais revenir en arrière.
À l’instar de la grenouille dans l’eau chaude, on ne verra rien quand les mesures arriveront discrètement, les unes après les autres. J’ai peur de me réveiller dans l’eau bouillante d’ici 10 ans et de constater que les gens auront passivement accepté :
- qu’il soit normal que le check-in ferme 3 heures avant l’heure de décollage, vu la longueur des procédures de vérification (fouille complète de chaque bagage, fouille des voyageurs, screening administratif des voyageurs)
- l’interdiction totale des ordinateurs portables ou des téléphones portables (on trouvera bien l’un ou l’autre cas de batterie qui se sera enflammée un jour)
- la fouille corporelle systématique, avec déshabillage et palpation de parties intimes par le personnel de sécurité, ou passage dans un appareil à rayons X qui te montre tout nu aux vigiles
- qu’on ne peut pas prendre l’avion si on porte certains vêtements ou certaines matières (style veste en cuir ou autre vêtement suspecté de pouvoir dissimuler une arme)
- que le bagage à main soit exclusivement un grand sac en plastique transparent
- de voyager attaché
- de se faire endormir au début du vol
Pour les deux derniers points, vous allez vraiment dire que j’exagère. Mais je suis prêt à parier que s’il y a une recrudescence d’attentats aériens, et si en plus on file une réduction sur le prix du billet à ceux qui acceptent cela, la pompe sera amorcée. Ce sera peut-être ça un jour : des gens qui acceptent de se faire endormir et attacher, puis on les place dans de petites boîtes que l’on charge dans l’avion. Les compagnies y trouveront leur avantage : on pourra charger plus de voyageurs par vol, et en plus on fera des économies de personnel car il n’y a plus rien à faire. Bon, là au moins, ils me laisseront mon couteau suisse !