L’inventage de mots

Ce n’est pas nous qui avons commencé.

Décrédibiliser n’existe pas, on dit discréditer.

Dans les entreprises, les gens hésitent parfois s’il faut dire prioritiser ou prioriser. La réponse est simple : aucun des deux n’existe. Dommage, ce serait plus court que de dire qu’on veut octroyer la priorité à tel projet. Ceci étant, les entreprises sont souvent le royaume du franglais (on se fait un conf-call avant le board, okay ?) ; notre automate (*) se charge de les dénicher.

S’autocensurer, c’est prudent mais c’est quand même un sacré pléonasme, c’est l’équivalent de la ceinture et des bretelles, et ceux qui parlent de s’autocensurer soi-même sont probablement ceux qui y rajoutent un parachute. On pratique l’autocensure, inutile d’en rajouter.

Un piétonnier ça n’existe pas (en plus c’est super moche à dire), le mot correct est une zone piétonne.

L’année 2020 a entraîné son lot de mots utilisés n’importe comment : pourquoi parler d’enseignement en distanciel alors qu’existe le concept d’enseignement à distance ? Et se retrouver en présence d’autres personnes, c’est quand même plus joli à dire que cet horrible « en présentiel ». Si vous êtes assis dans votre fauteuil, vous n’allez pas commencer à raconter que vous êtes « en fauteuilanciel », que diable !

Exit (**) aussi les anglicismes : on trace vos contacts covid (inutile de parler de tracing), on pratique un test de dépistage (parler de testing, c’est grotesque et ça rallonge même la phrase pour rien). Et tant qu’à faire, le running, très en vogue comme activité solitaire en 2020, avait déjà un nom, c’est la course à pied.

(*) On peut dire qu’il envoie la sauce.
(**) Oui, c’est fait exprès. C’est pour faire cool.