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Les Grecs de l’Antiquité, ils étaient comment ?

On s’imagine tellement facilement que les peuples d’antan étaient composé de tellement de gens brillants.

Forcément, la Grèce – prise au sens large – qui nous a donné des philosophes (et même le mot « philosophie »), la mythologie grecque, des statues, une architecture, qui a rayonné loin en Orient via Alexandre le Grand, cette Grèce-là elle avait sacrément de la gueule. Nul doute que cette contrée fourmillait d’esprits savants, de philosophes, de sages, d’érudits en tous genres.

Un petit parallèle avec notre monde moderne. La plus grande superpuissance des 100 dernières années, ça reste quand même les USA. Or, nous connaissons bien ce pays : si on y trouve des instituts de recherche et de technologie à la pointe, on sait aussi qu’ils ont un grand nombre de crétins incultes, qu’ils affectionnent la malbouffe et l’abrutissement par les médias. Alors oui, pour un grand pays, une grande population, c’est sans doute inévitable, mais il faut dire que ça casse bien l’image de super-puissance. Un grand classique sur le web, ce sont ces vidéos où on pose des questions de culture générale à des Américains pris au hasard dans la rue, voire même de leur demander de placer leur pays sur une carte du monde, vous en déprimerez de rire.

On peut même se risquer à penser que la proportion d’Américains brillants par rapport à la catégorie décrite ci-avant fait très nettement pencher la balance vers le bas et que le niveau moyen n’est vraiment pas joyeux.

Pour toutes ces raisons, on peut donc se dire que du temps des grands philosophe grecs, il est probable que dans la population grecque normale il y avait pas mal d’imbéciles.

Un quasar brillant

Un petit peu d’astronomie. Un quasar (mot anglais pour dire quasi-stellar astronomical radiosource en un peu moins de lettres) est la région compacte entourant un trou noir supermassif au centre d’une galaxie massive. Bref, un quasar, ça porte bien son nom, ça ressemble à Cæsar et ça désigne quelqu’un d’important. Pense à la plus grande planète qui te vienne à l’esprit, imagine à présent le soleil capable de la faire tourner autour d’elle, puis tout le système solaire qui va avec. Si tu veux représenter l’étendue de l’objet en tendant tes bras, il faut déjà y aller très fort. Alors une galaxie, n’en parlons pas. Donc, un « machin dans le ciel » capable d’englober toute une galaxie, honnêtement ça force le respect.

Le plus proche se trouve à quelque 600 millions d’années-lumière. Qu’il reste bien à distance ! Ça m’embêterait s’il décidait de venir nous avaler d’un coup, j’ai encore un livre à terminer et j’aimerais vraiment connaître la fin. (Et quelques livres à colorier aussi mais ça, on en parlera une autre fois.)

Des quasars, on en a trouvé pas mal avec les différents téléscopes, apparemment plus d’un million, voire 2 à 3 millions par déduction, au départ d’analyses de photos de l’Univers.

Et on en a découvert seulement très récemment un nouveau. Il a été baptisé SMSS J052915.80–435152.0 mais vous pouvez aussi l’appeler QSO J0529-4351, il ne se vexera pas. Il est bien au-dessus de tout ça lui, car lui c’est vraiment la star (*), le boss, le capo di tutti i capi comme on dit en Sicile… Et surtout il cumule les records : 17 milliards de fois plus grand que notre soleil, il brille 500 000 000 000 000 fois plus que le soleil. J’ignore s’il faut mettre de la crème à quasar et comment on calcule l’indice de protection dans ce cas mais si vous y allez, je vous conseille au moins de mettre un chapeau.

La première question est évidemment celle-ci : si ce quasar est vraiment l’objet le plus grand et le plus brillant qu’on ait jamais aperçu, comment se fait-il qu’on ne l’avait pas encore repéré jusqu’à maintenant ?

Un premier élément de réponse : il habite assez loin. 12 milliards d’années-lumière nous séparent, il faut donc quand même de bons yeux pour l’apercevoir. Et aussi, il détient le record du quasar ayant la croissance la plus rapide. On sait comment ça se termine : dès qu’on parle de croissance, tous les financiers de la planète vont commencer à s’y intéresser, et là, c’en est fini pour lui. Ave Quasar, sic transit gloria mundi

(*) Un jeu de mots s’est caché ici, attention c’est vraiment très dur.

Ah, les bonnes résolutions…

Il y a certaines personnes pour qui c’est un rite sacré.

Le 1er janvier on remet tous les compteurs à zéro et c’est reparti pour une nouvelle année. Et il y a dans certains cas l’ambition de faire mieux, ou de s’améliorer. Ce qui est déjà un très bon point de départ : la véritable amélioration est toujours par rapport à soi-même (plutôt que de chercher d’être mieux que le voisin).

Chez beaucoup de gens, il s’agit souvent d’ambitions positives (faire plus de sport, mieux dormir, se mettre à la peinture ou à une quelconque activité qu’on a repoussé sans cesse), ou pour éliminer le négatif (arrêter de procrastiner, regarder moins la télévision ou les réseaux sociaux, etc.). Raison pour lesquelles on parle souvent de « bonnes résolutions ».

D’ores et déjà cela pose une première question : peut-on prendre de « mauvaises résolutions » de Nouvel An ? En déclarant que cette année on veut être plus stressé, prendre du poids, vivre comme un porc et arrêter de faire le ménage, que ce soit encore plus le bordel dans les objets de la maison, se mettre à la malbouffe, etc.

Ensuite, si on est une organisation comme l’ONU, qui prend régulièrement des résolutions. Est-ce qu’on en ajoute une petite supplémentaire le 1/1, comme ça, vite fait ? Par exemple pour demander d’arrêter les guerres, ou au moins de se fixer jusqu’à la fin de l’année pour y parvenir.

Autre axe de réflexion : une résolution de Nouvel An est très rarement quelque chose qui a vocation à être exécutée uniquement sur l’année. En général, c’est quelque chose qu’on veut garder dans sa vie. On imagine mal quelqu’un décider de se mettre à la peinture le 1/1, faire tous les apprentissages tout au long de l’année, créer une toile, puis une autre, rectifier le trait, améliorer la précision, puis déclarer solennellement au soir du 31/12 : « Voilà, c’est bon, je l’ai fait, j’ai vu que j’adorais ça et qu’en plus j’avais du talent. Eh bien, désormais, je jette mes pinceaux et je ne peins plus rien. » Ou pour ceux qui ont souhaité maigrir de s’autoriser à reprendre les kilos péniblement perdus.

Enfin, sachez que la question a déjà été étudiée, pour mesurer chez des gens quel était leur capacité à tenir toute l’année avec leurs résolutions auto-proclamées. Le résultat des études est sans appel : chez une grosse majorité de gens tout dégringole après quelques jours ou quelques semaines, avec une sorte de point de bascule terminal à la fin de la troisième semaine chez les plus tenaces. Notez déjà le rendez-vous dans votre agenda, à votre convenance entre le 21 et le 23 janvier. Vous pourrez reprendre votre papier de début d’année et vous rendre compte que vous avez déjà cessé quasiment tout ce que vous y aviez claironné. On en voit même qui renient leurs résolutions, se dédouanant habilement au motif qu’un engagement pris un lendemain de fête où on n’avait probablement pas les yeux en face des trous, ne vaut certainement pas grand-chose. Et pour les résolutions même pas entamées, ils peuvent toujours se rassurer à bon compte en se rappelant qu’il reste encore un peu plus de 11 mois pour entamer la liste et que s’ils accomplissent quelques foulées début mai quand il commencera à faire beau, eh bien c’est suffisant pour cocher la case « Se mettre au sport ».

Bon, il existe quand même quelques moyens d’y arriver : ne pas se fixer un objectif trop ambitieux ou qui implique un changement trop radical, et ça marche souvent mieux si on a écrit les objectifs et si ses proches sont au courant (eh oui, nous sommes des animaux sociaux et la discipline arrive dans ce cas par crainte du jugement des autres), le mieux étant même de s’y mettre en groupe en créant une émulation permanente.

Pour finir, et puisque vous lisez probablement ceci sur un écran, je vous propose le nombre suivant : 3 840 × 2 160, ce qui fait 8,3 millions de pixels. Certes, on trouve sans doute mieux ailleurs, mais c’est déjà une bonne résolution, ça.

Passez une bonne année quand même !

Heure d’été, problème divers

Avant, le marronnier de la presse, deux fois par an, était de refaire le débat pour ou contre l’heure d’été. On interviewe ceux qui sont pour, et ceux qui sont contre, on parle uniquement des aspects ou des tracas de la vie quotidienne, on enrobe le tout dans un beau vernis de « méchants technocrates qui ont décidé ça en haut lieu contre l’avis du peuple » et ça fait un beau petit article. Qui est déjà écrit puisqu’il suffit de reprendre celui de l’année passée.

Mais désormais, les règles dans les pays de l’Union européenne changent. Non seulement on pourra disserter à nouveau du bien-fondé ou pas de supprimer le système, mais on se demandera s’il est bien normal que chaque pays peut décider d’avoir ou non un changement d’heure, et si le choix de tel pays d’opter pour tel fuseau est bien cohérent avec son voisin qui a quant à lui opté pour le fuseau Y, quand bien même ils sont à la même longitude.

Voici quelques propositions pour remettre encore une couche de désordre par dessus ce chaos. Continue reading

Une bonne année… a posteriori ?

Chaque année on se fait avoir. Tout le monde se souhaite des bons vœux pour les 12 mois à venir. C’est un peu une incantation : « Allez, on croise les doigts pour que tout aille bien, réussite, santé, argent et bonheur. »

Alors que quand on y réfléchit, en 2020 :

  • Peut-être qu’un de vos proches, ou votre animal de compagnie, va mourir et que vous sombrerez dans une grosse déprime
  • Peut-être que vous aurez un accident de la route et que vous ferez un long séjour en hôpital assorti d’une longue et pénible rééducation et d’un handicap permanent
  • Peut-être qu’il va y avoir une crise financière dix fois plus forte qu’en 2008 et qu’on va sérieusement être dans la dèche
  • Peut-être qu’on va avoir une météo pourrie, qu’il va pleuvoir tout l’été ou, à l’inverse, que ce sera une canicule insupportable et meurtrière
  • Peut-être qu’on aura une épidémie d’une sale maladie, que ce sera la psychose et la suspicion généralisée envers toute personne vaguement suspecte de vous refiler cette crasse, et que ça va pourrir les relations entre les gens.
  • Peut-être que vous allez apprendre que vous êtes atteints d’une maladie grave
  • Peut-être que Donald Trump sera réélu (et c’est même assez plausible, en fait)
  • Peut-être que vous serez cambriolés
  • Peut-être qu’on va apprendre tel ou tel scandale qui va nous plomber davantage le moral sur la condition humaine
  • Peut-être que la plupart des gouvernements vont prendre des mesures scandaleuses qui vont créer davantage d’inégalités et d’injustice
  • Les guerres ne vont pas s’arrêter, le terrorisme ne va pas cesser et au contraire il sera toujours de plus en plus sournois (tiens, j’ai arrêté de dire « peut-être »)
  • Etc.

Alors, cessez de souhaiter une BONNE ANNÉE à tour de bras avec cet air guilleret !

On devrait décerner la bonne année a posteriori, pour juger si elle a été bonne, sans jamais faire de pronostic sur celle qui commence. Car on ne sait jamais de quoi l’avenir sera fait, et il n’est souvent pas rose…

Petit cours de manipulation élémentaire

Ça date un peu mais le propos est réutilisable.

En Allemagne, deux camps s’affrontent. D’un côté, ceux qui sont pour la réintroduction du loup dans le pays au nom de la préservation de l’espèce ou de la biodiversité, et de l’autre ceux qui veulent son interdiction, car c’est un prédateur qui s’attaque aux animaux d’élevage.

Pour orienter l’opinion publique et les décideurs politiques amenés à légiférer, rien de tel qu’une petite campagne à base d’images-chocs. Continue reading

Mourir en martyr ?

Ah, si grâce à un petit sacrifice, tout pouvait enfin changer ?

Certes, Brassens n’y croyait pas un instant quand il chantait Mourir pour des idées, mais imaginons, juste un instant que si. Cette idée est certainement déjà passé par la tête de nombreuses personnes militantes, de celles qui sont engagées corps et âme pour leurs idées et qui aspirent à de grands bouleversements du monde.

Imaginons alors que, dans une mise en scène soigneusement préparée et dont moi seul suis capable, je meure de manière grandiloquente, brutale, choquante, et que… subitement, l’électrochoc tant attendu dans la population se passe. Qu’à cris de « Plus jamais ça ! » les gens descendent dans la rue, que l’opinion publique se transforme et que les responsables politiques leur emboîtent le pas.

La société serait alors transformée et ce monde dont j’avais tellement rêvé pourrait enfin se réaliser. Enfin !

Eh bien, c’est justement de ça que je ne veux pas. Parce que ce ne serait pas juste !
J’ai tellement rêvé de ce jour-là que rien ne serait plus frustrant que de ne pas pouvoir le connaître de mon vivant. J’ai beau dire que mes aspirations d’un monde meilleur sont par pur altruisme et surtout pour mes enfants et pour les générations futures, au fond de moi j’ai également très envie de participer à la fête.

Et puis, frustration supplémentaire, se dire que le changement était si proche, si accessible, qu’il ne tenait « qu’à un seul mort ». Pourquoi moi ? Pourquoi pas quelqu’un d’autre ?

Désolé, mais prenez une autre personne pour servir de martyre. Moi je veux juste profiter des bénéfices. Et ne lui donnez pas ce texte à lire, ça lui donnerait des idées à elle aussi.

Cessez d’invoquer les « problèmes techniques »

« En raison d’un problème technique… » Cette expression peut servir à masquer tous les dysfonctionnements, mais elle a un incroyable côté pervers.

Elle sert le plus souvent à cacher la complexité des technologies utilisées pour la vie de tous les jours. Elle renforce l’idée que la technique est une forme de magie ou que les machines sont de grosses boîtes noires dont il serait vain de chercher à comprendre comment elles fonctionnent.

Ça a pour effet pervers de légitimer le point de vue de ceux qui vous sortent des « oh, moi je n’y comprends rien à tous ces trucs d’ordinateur », et ça encourage les gens à considérer normal d’être ignorant et d’être prêts à subir toutes les dominations et toutes les manipulations.

Et si on commençait déjà par nommer les problèmes correctement ?

« En raison d’un problème technique, votre réservation n’a pas pu être effectuée. » Magie ? Ou alors qu’on explique ce qui se passe : s’agit-il de règles (nombre de jours, nombre de personnes) qui n’ont pas été respectées, ou alors un problème d’ordinateur : le serveur de réservation est hors service, la connexion a été interrompue en raison d’un problème de réseau…

« En raison d’un problème technique, notre train partira avec 15 minutes de retard. » Magie ? Signalisation défaillante, surchauffe du moteur de la loco… Et si ça se trouve, c’est peut-être un problème humain qui n’a rien à voir avec la technique (par exemple le conducteur précédent a terminé son service et son remplaçant n’est pas encore là), mais qu’on masque habilement dans le fourre-tout des problèmes techniques pour que les gens ne commencent pas à questionner notre organisation…

En raison d’un problème technique, la suite de ce billet ne peut pas être affichée.

Le langage des associations militantes

Petits trucs de langue pour faire passer vos idées.

Axe 1. Ce qu’on défend doit être anthropomorphe pour que les lecteur•rice•s s’identifient plus aisément

  • On ne réduit pas la largeur d’une rue, on l’ampute d’une bande.
  • Un grand immeuble va nécessairement défigurer un quartier.
  • S’il y a un chantier ou même des embouteillages, le quartier sera complètement asphyxié
  • Quelques arbres et on parlera de poumon vert d’un quartier.
  • On parlera du commerce qui est à l’agonie, rien de moins.
  • Un projet de tunnel ou de métro : on éventre la ville.
  • Et de manière générale tout projet que l’on combat risque de signer la mort de la qualité de vie d’un quartier, du commerce, de la vie associative, etc.

Axe 2. Le projet honni doit être paré de toutes les tares

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Le fait-divers, les gens choqués et les journalistes à l’affût

Petit billet d’humeur pour dénoncer une dérive contemporaine.

Tout part d’une histoire dramatique et réelle.  Dans la petite localité wallonne de Tillet, un jeune homme de 19 ans est mort.  C’est une histoire triste, et on est d’accord que pour les parents du jeune homme la douleur doit être immense.

Les faits : comme le jeune homme était demandeur d’emploi, ses parents ont téléphoné au Forem – l’équivalent de Pôle Emploi en Wallonie – pour signaler le décès et le faire radier des listes.  Mais au Forem, quand on efface quelqu’un de la liste des candidats demandeurs d’emploi, ça génère automatiquement un courrier de confirmation à la personne.  Ce courrier confirme que la personne n’est plus sur la liste, mais l’invite à se réinscrire si plus tard elle change d’avis.  Ben oui, le système a été pensé pour le cas le plus probable de gens (vivants) qui se désinscrivent eux-mêmes.  Autre hypothèse plus plausible : il y a sans doute une option pour gérer le cas de gens décédés, et l’employé a tout simplement coché la mauvaise case.

Il est rayé des listes, c’est l’essentiel.  C’est juste très con de recevoir un courrier du Forem invitant le jeune homme à se réinscrire à l’avenir.  Pas de quoi en faire un fromage.

Ce qui m’interpelle, c’est ce qui vient ensuite.  C’est très révélateur d’un drôle d’état d’esprit sous nos contrées. Continue reading